Concert 1

Moritz Roelcke, clarinette – Gabriel Potier, cor – Coline Richard, flûte – Yann Thenet, hautbois – Jeremy Bager, basson.  Cliquez ici pour découvrir le nouveau clip de l’Ensemble Astera !  (Ravel: Le Tombeau de Couperin – II. Fugue )                                                 © Ugo Ponte

Grandson Classique

Quintette à vent ASTERA

Temple St-Jean-Baptiste de Grandson, le 19 novembre 2023 à 17 h

Au programme:

  • György Ligeti:   Six Bagatelles pour quintette à vent (1953)
  • Franz Danzi:   Quintette op.56 n° 2 (1800)
  • Carl Nielsen:   Wind quintet op.43 (1922) 

 

La passion de la musique de chambre incite ces cinq jeunes musiciens, tous diplômés de la Haute École de Musique de Lausanne, à créer en 2019 un quintette à vent, L’Ensemble Astera. En avril 2023, le Concours International de Musique de Chambre Carl Nielsen à Copenhague salue leur art en leur attribuant le 1er Prix, ainsi que le Prix de la meilleure interprétation de la création.

Réunissant quatre nationalités européennes, ils forment un quintette remarquable et riche de leurs différentes expériences auprès de grands orchestres internationaux.  Leur affinité musicale autour du quintette à vent enrichit leur cohésion et leur permet de proposer une riche palette de sonorités chatoyantes qui se fondent en un ensemble remarquable d’équilibre et de sensibilité.

Développé grâce à de nombreux arrangements, le répertoire de leur formation est riche et varié, parsemé de pépites musicales, de grands compositeurs comme de moins connus. Les musiciens vous feront découvrir ou redécouvrir des pièces de tous genres, montrant toutes les possibilités sonores du quintette à vent, et ainsi offrir une expérience de concert émouvante et marquante.

Des « Bagatelles » d’abord interdites en Hongrie

György LIGETI (1923 – ) est d’origine hongroise puis naturalisé autrichien. Il compose les Six Bagatelles pour quintette à vent en 1953 avant qu’il n’ait quitté son pays natal. Écrites dans un environnement musical de tradition classique dans la Budapest d’après-guerre où toutes les formes d’art « moderne » étaient interdites par la dictature communiste, ces pièces traditionnelles furent elles aussi d’abord interdites ; elles ne furent créées qu’en 1969 en Suède.

Comme Ligeti n’avait alors aucune possibilité de contacts avec les compositeurs du XXe siècle, tels Messiaen par exemple, de nombreux souvenirs de la musique traditionnelle hongroise, ainsi qu’un hommage au premier Bartók animent ces pièces. Composées à partir de ses Musica Ricercata pour piano, le compositeur souhaitait leur donner une expressivité plus colorée. Une excellente connaissance des possibilités techniques et de la richesse d’expression des instruments permet au compositeur d’offrir avec les Six Bagatelles une œuvre qui s’imposa rapidement comme pièce maîtresse du répertoire de cette formation, tant l’orchestration est remarquable, les couleurs des différents instruments subtilement mêlées et les mélodies pleines d’émotion.

Harmonie et richesse du quintette

Franz Danzi (1763-1826) est né près de Mannheim et y a grandi. Sa carrière s’étend de la fin du style classique au début du style romantique. Il a connu Mozart et a été le mentor de Carl Maria von Weber ; il s’est illustré dans le domaine lyrique et a laissé beaucoup de musique de chambre qui dénote une connaissance approfondie des ressources instrumentales.

Le Quintette à vent Op.56 n°2 en sol mineur est le deuxième d’une série de trois œuvres de ce type.

Avant Danzi, très peu de compositeurs ont écrit des quintettes à vent. On connaît certes Anton Reicha qui a publié une première série de six quintettes en 1817, œuvres qui se sont avérées extrêmement populaires. Convaincu et séduit par les richesses offertes par cette formation, Danzi composa son Op.56 en 1821, qu’il dédia à Reicha. Tout le talent de Danzi pour la mélodie, son profond sens du lyrisme font de ces pièces de réels bijoux. Les cinq instruments sont traités à égalités, chaque voix exprimant une phrase, un thème avec sa couleur particulière tout en laissant à l’ensemble une harmonie subtile et équilibrée.

Humour, entrain et optimisme

Carl NIELSEN (1865 – 1931) est un compositeur danois rattaché, dans le début de ses créations, à la mouvance romantique : il est particulièrement apprécié pour l’intensité expressive de ses œuvres. Il est sans doute le compositeur danois le plus connu aujourd’hui. Mais sa place dans l’histoire de la musique est délicate à définir exactement, tant ce maître s’engagea dans l’exploration de styles variés. Grâce à une composition comme le Quintette à vent op. 43 (composé en 1921-1922), il est parfois considéré comme une figure emblématique du mouvement romantique. Ce qui est sûr, c’est que ce Quintette est l’exemple parfait d’un chef-d’œuvre incontestable dont Nielsen évita toute répétition ; il est difficile d’imaginer, d’ailleurs, que cette œuvre soit contemporaine de la Symphonie no 5, tant elle manifeste la joie, l’entrain et l’optimisme. Elle fascine interprètes et auditeurs par sa beauté intrinsèque, sa maîtrise parfaite, son entrain juvénile, sa subtile référence à Mozart dont Nielsen avait entendu les dédicataires interpréter une symphonie. On entre dans l’œuvre avec un Allegro ben moderato aux accents très communicatifs, qui rappellent à certains un climat pastoral ou encore une atmosphère scandinave. L’humour, voire l’ironie ou des traits comiques animent le Menuet central ; mais on revient au sérieux avec l’intervention plus grave mais toujours sereine du cor anglais dans le Praeludium. Le Finale, noté Tema con variazioni se développe dans un éclat irrésistible : le thème provient d’un choral populaire qui se ramifie dans onze variations porteuses de toute l’inventivité géniale de Nielsen. Un grand régal!