Concert 4

A moins de 30 ans, Dominic Chamot a remporté plus de trente prix et récompenses, ce qui fait de lui l’un des pianistes les plus talentueux de sa génération. Le pianiste et critique Hannes Sonntag l’affirme: « Dominic Chamot crée cette expérience émotionnelle durable pour l’amour de laquelle seule nous faisons ou écoutons finalement de la musique ! »
Grandson classique
Récital de piano Dominic Chamot
Salle des Quais, dimanche 2 mars 2025 à 17 h
Au programme:
Frédéric Chopin/Franz Liszt, 6 Chants polonais
- Souhait de jeune fille
- Printemps
- La petite Bague
- Bacchanale
- Mes Joies
- Le Retour au Pays
Franz Liszt, Sonate en si mineur S. 178
Sergueï Rachmaninov, Variations sur un thème de Corelli op.42
Maurice Ravel, La Valse
Né à Cologne en 1995, le pianiste germano-suisse Dominic Chamot a connu un début de carrière précoce. Il a été admis à 12 ans dans la classe du professeur Sheila Arnold au Pre-College-Cologne du HfMT de Cologne, qui lui a donné des impulsions musicales essentielles pour son avenir. Peu après, il recevait des prix internationaux à Berlin, Zwickau, Enschede, Weimar, Cologne, etc.
Dominic Chamot a ensuite approfondi ses études avec le célèbre pédagogue Claudio Martinez-Mehner à Bâle. Il a obtenu ses diplômes de bachelor et de master en interprétation (soliste) avec les meilleures notes et les plus grands honneurs. À la fin de ses études de pédagogie avec Zoltan Fejervari, il a remporté également le prix du meilleur récital de l’année à la célèbre Académie de musique de Bâle.
Pendant cette période, il a donné des concerts dans plus de 15 pays sur quatre continents, s’est récemment produit plusieurs fois à la Philharmonie de Berlin, a obtenu certaines des bourses les plus prestigieuses de Suisse pendant ses études et a été invité par l’orchestre symphonique de la WDR en tant que soliste pour un concert à la Philharmonie de Cologne. Après ces succès, d’autres invitations ont suivi de la part d’orchestres de toute l’Allemagne, ainsi que de l’Orchestra Sinfonica di Milano, de l’ORF Symphony Orchestra Vienna, de l’Orchestre symphonique de Bâle, et de bien d’autres encore. À New York, il a captivé le public lors de sa prestation au Steinway Hall dans le cadre du « Classical Bridge Festival ».
Il est également très demandé en tant que musicien de chambre : il est régulièrement invité à des festivals (Gstaad, Davos, Schwetzingen Mozart Festival, Mecklenburg-Vorpommern Festival), se produit régulièrement avec des musiciens des meilleurs orchestres de Suisse (Tonhalle Zurich, Orchestre symphonique de Lucerne, Orchestre symphonique de Bâle, entre autres).
Chopin et Liszt : une amitié inspirante
Arrivé à Paris en 1832, Frédéric Chopin a connu Franz Liszt alors qu’il donnait son premier concert dans les Salons Pleyel. Tous deux émigrés en France, et tous deux venus d’Europe centrale, ces deux talentueux pianistes compositeurs se sont musicalement beaucoup appréciés, même avec des styles différents. Ils apportent un grand souffle à la musique de leur temps. Chopin a dédié plusieurs de ses œuvres à son ami Liszt, dont Douze études op. 10.
Les Chants polonais op 74 de Chopin sont des pièces quelque peu méconnues ; des dix-neuf initialement composées pour voix et piano, Liszt en transcrit six pour piano seul : Souhait d’une jeune fille – Printemps – La petite Bague – Bacchanale – Mes joies – Le Retour au Pays. Ces magnifiques petits trésors sont, pour certains, pleins de bonne humeur, vivants, alors que d’autres sont plus mélancoliques ou empreints d’amour. Ces délicieuses pièces que la transcription de Liszt nous a permis de mieux connaitre, n’ont jamais été publiées du vivant de Chopin.
La Sonate pour piano en si mineur, S.178 est une œuvre magistrale pour piano seul du grand maître hongrois Franz Liszt. Composée à Weimar entre 1852 et 1853, la pièce est dédiée à Robert Schumann. Camille Saint-Saëns la transcrit en 1914 pour deux pianos. Wagner quant à lui écrit dans une lettre au compositeur : « Très cher Franz ! Tu étais là maintenant près de moi – la sonate est indescriptiblement belle, grande, aimable, profonde et noble – sublime, comme toi. Elle m’a touché au plus profond de moi-même et d’un seul coup, toute la misère de Londres est oubliée. » Cette œuvre fait partie des pièces majeures de Liszt et renouvelle le genre. Tout en ombre et lumière, elle est d’une grande difficulté d’interprétation.
Rachmaninov : les miroirs de l’âme
Lorsque Sergueï Rachmaninov compose ses Variations sur un thème de Corelli, cela fait plus d’une décennie qu’il n’a plus publié d’œuvres pour le piano. Nous sommes en 1931 et bien qu’il ait vécu jusqu’en 1943, cette œuvre fut sa dernière écrite pour piano seul. Les Variations Corelli, véritables miroirs de l’âme du compositeur reflètent avec tant de réussite la mélancolie qui marqua sa carrière et sa vie.
Ces vingt variations sont basées sur la sonate op.5, no 12 de Corelli, qui reprend l’air baroque de danse appelé La Folia, l’un des plus anciens thèmes musicaux de l’Europe. Rachmaninov le transforme avec les matériaux et accords utilisés de son temps, parfois inspirés du jazz. Ces variations semblent avoir joué un rôle de catalyseur pour la Rhapsodie sur un thème de Paganini pour piano et orchestre, l’œuvre en forme de variations que Rachmaninov composa juste après et dont plusieurs idées sont clairement préfigurées dans le corpus de Corelli. Franz Liszt utilisa le même thème de La Folia dans sa Rhapsodie espagnole.
Les variations Corelli forment une quasi sonate en quatre mouvements, le « mouvement lent » démarrant en majeur après un « Intermezzo » façon cadence.
Ravel : grandeur et décadence
La Valse de Maurice Ravel est un poème chorégraphique pour orchestre, composé entre 1919 et 1920. Nous entendrons la version pour piano.
Dès 1906, Ravel envisage de composer pour le ballet une Apothéose de la valse pleine de lumière, de joie en hommage à Johann Strauss. Mais la Première Guerre mondiale le contraint à changer ses projets. Ravel tombe dans la dépression et cesse même de composer durant quelque temps. Vécu comme un anéantissement de la civilisation, ce terrible cataclysme le pousse à considérer le nouveau monde comme décadent et sous l’emprise de la barbarie. A l’image romantique des valses de la fastueuse cour viennoise, succède la décadence, la ruine de l’art. En 1919 pourtant Ravel reprend la plume et compose ainsi, selon sa propre expression, une « espèce d’apothéose de la valse viennoise à laquelle se mêle dans mon esprit l’impression d’un tourbillon fantastique et fatal », évocation magistrale de la grandeur, de la décadence puis de la destruction de la civilisation occidentale. En tête de partition, nous pouvons lire « Des nuées tourbillonnantes laissent entrevoir, par éclaircies, des couples de valseurs. Elles se dissipent peu à peu : on distingue une immense salle peuplée d’une foule tournoyante. La scène s’éclaire progressivement. La lumière des lustres éclate au fortissimo. Une cour impériale, vers 1855 ». Mais bien vite Ravel conçoit son œuvre comme une « métaphore de la grandeur, de la décadence, puis de la destruction de la civilisation ».
L’œuvre fut créée en première audition par Ravel devant Diaghilev, en avril 1920, dans sa première version écrite pour piano. Ce fut l’occasion d’une brouille définitive entre les deux hommes, Diaghilev refusant de représenter La Valse avec Les Ballets russes : « Ravel, c’est un chef-d’œuvre, mais ce n’est pas un ballet. C’est la peinture d’un ballet. »